Le piratage de documents confidentiels chinois met en lumière les exactions sur les Ouïgours

Alors que la représentante des Droits Humains de l’ONU Michelle Bachelet est en Chine, une série de documents piratés sur les camps de Ouïgours vient d’être dévoilée. Les informations qu’ils apportent confirment un traitement alarmant du gouvernement chinois sur la minorité.

« Xinjiang Police Files »

Un total de 5000 photographies et documents confidentiels ont été publiés, mettant en lumière l’étendue du traitement et des exactions de la Chine sur les Ouïgours dans la province de Xinjiang. C’est grâce à un piratage massif des ordinateurs de la police locale que ces documents sont désormais accessibles. Remontant à 2018, ils ont été analysés puis publié par un consortium de médias internationaux. Alors que la Chine prétend regrouper la population ouïgour dans le cadre de « camps de formation », ces documents attestent de la nature non consentie voire violente de leur incarcération. Les profils policiers montrent notamment que l’âge des détenus variait entre 14 et 73 ans au moment de leur emprisonnement.

Si certains profils de police ne précisent pas les raisons de la détention, d’autres apportent la preuve d’une répression culturelle et religieuse. Le motif de suspicion de « forte inclinaison religieuse » de certains détenus semble de fait justifier l’emprisonnement. Le motif : « soupçonné de terrorisme ». Une condamnation qui peut s’étendre par corrélation aux membres de la famille d’un accusé. Cette série de renseignements a été appelée « Xinjiang Police Files » et fournie à la BBC par l’expert Dr Adrian Zenz. Une accumulation d’évidences accablantes du traitement discriminatoire et de la répression des Ouïgours dans cette région du monde.

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« Si les étudiants ne se soumettent pas aux avertissement, (…) les gardiens peuvent ouvrir le feu. »

Le gouvernement assure qu’il s’agit de formations visant à « libérer [les personnes] de l’extrémisme » et les étudiants seraient des volontaires. Or ce sont des officiers armés qui assurent la « sécurité » de ces camps de « formation » — d’enfermement. Dans les salles de classe, postés sur des tour des surveillance… Même pour encadrer les déplacements des détenus. Selon les documents, ces policiers sont autorisés à faire usage de leurs armes. Un premier tir d’avertissement, qui, si l’interpellé l’ignore, peut mener à un tir létal. Le protocole de police précise : « Si les étudiants ne se soumettent pas aux avertissement et essaient de s’enfuir, les gardiens peuvent ouvrir le feu ».

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Ces révélations choquantes interviennent alors même que la représentante des Droits Humains à l’ONU, Michelle Bachelet, est en déplacement dans la région du Xinjiang. Une intervention qu’Amnesty International considère « cruciale », notamment pour dénoncer des « crimes contre l’humanité » de la Chine. Dénonciation qui prend un tournant alarmant au vu des documents piratés. Après leur publication, la cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock a réagi, exigeant des « éclaircissements » de la part de la Chine.

Modifié à 15h56

 

Le piratage de documents confidentiels chinois met en lumière les exactions sur les Ouïgours