Le groupe français Lafarge a-t-il financé des terroristes ?
La Cour d’appel de Paris a confirmé la mise en examen du groupe Lafarge pour « complicité de crimes contre l’humanité ». Le groupe est soupçonné d’avoir versé des pots de vin à des organisations terroristes.
Retour sur les faits
Le groupe français Lafarge est soupçonné d’avoir versé des millions d’euros à des groupes terroristes dont Daech, pour maintenir son activité en Syrie entre 2013 et 2014. Ainsi, la Cour d’appel de Paris a confirmé la mise en examen du groupe pour « complicité de crimes contre l’humanité ».
En 2010 s’est achevé la construction du site Jalabiya en Syrie, dans lequel le groupe avait investi 680 millions d’euros. Au même moment, le pays s’enfonçait dans la guerre. Ainsi, pour pouvoir poursuivre leurs activités, le groupe aurait versé, via une filiale, des millions d’euros à des groupes terroristes, dont l’État islamique (EI), entre 2013 et 2014. Le parquet a donc estimé que le groupe avait « financé, via des filiales, les activités de l’EI à hauteur de plusieurs millions de dollars, en connaissance précise des agissements ».
L’entreprise est également accusée de « mise en danger de la vie d’autrui ». En effet, elle aurait encouragé des anciens salariés syriens à poursuivre leur activité sur le site de cimenterie. Alors que la région était extrêmement dangereuse, compte tenu de la guerre civile. Et « que l’ensemble des salariés expatriés étaient évacués de manière définitive en 2012 » précise l’avocat des parties civiles.
Des groupes terroristes financés ?
Au total Lafarge aurait versé entre 4,8 et 10 millions d’euros aux organisations terroristes selon l’enquête. Le groupe est également suspecté d’avoir vendu du ciment à Daech. Et d’avoir acheté des matières premières à des groupes djihadistes.
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« C’est un pas de plus contre l’impunité des auteurs des pires crimes d’acteurs économiques. Aujourd’hui, il n’est plus possible de se cacher derrière le petit doigt de l’ignorance organisée », s’est enthousiasmé maître Joseph Breham, l’avocat d’une centaine d’ex-salariés syriens.
Et pour cause, le groupe avait réussi à annuler cette mise en examen en 2019. Mais, l’affaire a été relancée en septembre 2021, quand la Cour de cassation a cassé la décision de la cour d’appel. La mise en examen pour « mise en danger de la vie d’autrui » est donc maintenue. Avec en prime, « complicité de crimes contre l’humanité. »
Des chefs d’accusation qui risquent de mettre à mal l’image et le développement économique du groupe Lafarge dans les prochaines années.