Les annonces de suppressions de postes se multiplient dans la tech européenne, frappant des géants du logiciel, des télécoms ou des semi‑conducteurs, et laissant planer un doute sur la solidité du modèle de croissance.
Derrière les chiffres, ce sont des milliers de trajectoires professionnelles qui se retrouvent brutalement interrompues ou réorientées. Entre les fortes réductions de postes en Europe, la montée de l’automatisation et un impact durable sur l’emploi numérique, cette vague de licenciements dans la tech en 2025 redessine brutalement les rapports de force.
Qui est le plus touché en Europe : pays, secteurs et grands employeurs
Selon les données collectées par RationalFX au 26 novembre 2025, 241 818 emplois ont déjà été supprimés dans la tech mondiale, dont 32 596 en Europe. La région représente ainsi près de 13,5 % des licenciements annoncés depuis janvier.
L’Irlande totalise 11 500 suppressions, devant l’Espagne (7 450) et la Suisse (5 156). Cette concentration dessine une répartition par pays très marquée, où quelques entreprises les plus touchées comme Accenture, Telefónica et STMicro dominent les chiffres. Elles interviennent dans des secteurs technologiques en baisse, notamment les télécoms et les semi‑conducteurs, ce qui offre une véritable cartographie des suppressions au niveau européen.
- Irlande : 11 500 emplois supprimés, tirés surtout par Accenture.
- Espagne : 7 450 suppressions, largement concentrées chez Telefónica.
- Suisse : 5 156 licenciements, en grande partie liés à STMicro.
- Suède : près de 3 000 postes perdus, notamment chez Northvolt et Tele2.
- Royaume‑Uni et Pays‑Bas : plusieurs centaines de départs chez Wise, Arrival, Just Eat Takeaway ou TomTom.
Accenture, Telefónica, STMicro : ce que révèlent ces plans sociaux
Accenture a lancé depuis Dublin un plan mondial prévoyant 11 000 suppressions de postes en 2025, principalement dans les fonctions support et le conseil traditionnel. Telefónica en Espagne vise 7 000 départs, tandis que STMicro prépare environ 5 000 licenciements en Suisse.
Les annonces se sont échelonnées depuis le début de l’année chez Accenture, Telefónica et STMicro, au fil de discussions avec les syndicats et les autorités nationales. Cette séquence compose une chronologie des annonces qui accompagne la progression de l’automatisation et de l’IA. Les directions mettent en avant des motifs des coupes liés aux gains de productivité, avec des conséquences pour salariés allant des départs volontaires aux ruptures collectives.
La vague de licenciements dans le secteur technologique en 2025, avec plus de 240 000 postes supprimés dans le monde et plus de 32 000 en Europe, reflète la volonté des entreprises de réorienter leurs ressources des activités traditionnelles vers les domaines de croissance axés sur l’intelligence artificielle.
Alan Cohen, analyste chez RationalFX
Face aux États‑Unis, une vague européenne plus contenue mais bien réelle
Les chiffres compilés par RationalFX mettent en lumière un contraste marqué entre les rives de l’Atlantique. Avec 32 596 suppressions sur 241 818 licenciements recensés au 26 novembre 2025, l’Europe pèse moins de 14 % du choc social dans la tech mondiale.
Les groupes américains ont réduit leurs effectifs à un rythme bien supérieur sur la période 2025. Cette disparité nourrit la comparaison Europe États‑Unis, illustrée par Intel (33 900 postes supprimés), Amazon (19 555) et Microsoft (19 215), soit plus de 72 000 emplois à eux trois. Ce volume met en évidence le poids des géants américains dans la restructuration globale de l’industrie numérique.
Compétences en tension et pistes de reconversion pour les salariés impactés
Les milliers de personnes touchées par ces plans sociaux s’interrogent sur leurs perspectives, alors que les besoins en compétences ne disparaissent pas. Les profils capables d’engager une requalification vers data et de suivre des formations en intelligence artificielle trouvent déjà des opportunités dans l’analytique, le cloud ou la cybersécurité.
De grandes entreprises comme Accenture ou Telefónica renforcent leurs programmes de reconversion interne. Cette approche crée une mobilité interne possible vers des équipes produit, des bureaux d’études ou des filiales numériques pour certains profils qualifiés. Des dispositifs publics et privés encouragent aussi une transition professionnelle accompagnée : bilans de compétences, congés de formation et coaching pour transformer ces licenciements en tremplin vers de nouveaux métiers.