Un semestre noir pour 31.000 patrons poussés au chômage entrepreneurial

Par Frederic Becquemin

Depuis janvier, près de 31.000 patrons décrochent, pris en étau par des carnets vides et des coûts qui grimpent. Ce basculement alimente une vague de faillites qui fauche des trajectoires.

Sous la pression, les trésoreries se vident, les délais de paiement s’allongent, les banques resserrent. Pour nombre de dirigeants, la chute se transforme en véritable chômage entrepreneurial, sans garantie de revenus ni rebond rapide. Âge, responsabilité personnelle, recrutements en recul, la mécanique laisse trop de dirigeants sans filet face au mur.

Un choc conjoncturel alimenté par marges sous pression et trésoreries exsangues

Depuis janvier, 31.000 patrons ont perdu leur emploi, poussés hors de leur entreprise par un cocktail de coûts élevés, de taux qui renchérissent le crédit et d’une demande qui se tasse. Ce recul s’inscrit dans un climat des affaires dégradé, où les délais de paiement s’allongent et où des trésoreries tendues étouffent les décisions. L’effet de ciseau devient brutal.

Les charges fixes absorbent la moindre marge, et les hausses de salaires renvoient les entreprises à des arbitrages défensifs. Avec des marges sous pression, nombreux dirigeants réduisent leurs stocks, coupent le marketing et gèlent des embauches, tandis qu’une consommation en berne pèse sur le carnet de commandes, accélérant les dépôts de bilan ou les cessations d’activité.

Secteurs et tailles d’entreprises les plus exposés

Le choc ne touche pas tout le monde avec la même intensité. Les commerces de proximité, l’hôtellerie-restauration, la construction et le transport affichent un risque plus élevé pour les dirigeants, notamment quand il s’agit de petites structures fragiles sous-capitalisées, très dépendantes de leur trésorerie et d’une clientèle locale sensible aux aléas saisonniers. Les marges y sont minces.

À l’export, la baisse de commandes frappe l’industrie intermédiaire, quand la tech souffre d’une contraction du capital-risque. Ces secteurs en tension se répercutent sur les sous-traitants, du nettoyage aux services logistiques, avec des chaînes de paiement qui se bloquent et des reports d’investissements, aggravant la casse sociale pour les équipes dirigeantes.

À noter : 31.000 dirigeants ont perdu leur emploi depuis le 1er janvier, phénomène concentré dans les TPE et les activités dépendantes de la demande locale.

Faillite d’entreprise et vide de protection pour le dirigeant

Selon l’Observatoire de l’emploi des entrepreneurs (GSC et Altares), 31.000 dirigeants ont perdu leur activité depuis le début de l’année, soit près de 170 par jour. Sans droit au régime public, ils ne touchent rien après une liquidation. D’où l’intérêt d’une assurance chômage volontaire et d’une couverture GSC dirigeants pour amortir la perte de revenus et préserver le foyer.

Associations et réseaux tentent de limiter la casse. Le mentorat, le coaching et la mise en relation aident les patrons à rebâtir un projet, jusqu’à un nouveau poste ou une relance d’activité via l’accompagnement 60.000 rebonds. Les témoignages soulignent des délais de rebond plus longs après 2023, avec des trésoreries exsangues et bien des cautions personnelles engagées.

31.000 dirigeants depuis janvier, soit 170 par jour : la plupart sans allocation, faute de droit au chômage.

Après 60 ans, le piège de l’employabilité pour les patrons

Passé 60 ans, les chances de rebond se contractent, selon GSC et Altares. Les recruteurs privilégient des profils plus jeunes ou immédiatement opérationnels, ce qui allonge l’inactivité. Pour des seniors dirigeants vulnérables, crédits, cautions et dépenses courantes accroissent les risques financiers personnels, tandis que l’accès aux dispositifs d’indemnisation reste très limité.

Des solutions existent tout de même. Des missions de management de transition, le portage salarial ou des mandats d’administrateur facilitent un chemin de retour à l’emploi. Une reconversion en transition peut s’appuyer sur la formation certifiante et un réseau activé méthodiquement, avec un ciblage précis des PME et ETI en retournement, où l’expérience de direction fait la différence.

Recrutements cadres en berne et appels à alléger les charges

Les directions reportent leurs embauches, par prudence et faute de visibilité sur les carnets de commandes. Les offres se raréfient, selon les baromètres publiés par l’Apec, avec des besoins particulièrement comprimés dans l’industrie et le BTP. Ce refroidissement du marché des cadres de l’Apec touche aussi les fonctions support, où les remplacements sont différés.

Patrons et organisations professionnelles pointent un coût du travail jugé trop élevé pour relancer les recrutements. Plusieurs fédérations appellent à un véritable allègement des charges patronales afin d’oxygéner les trésoreries et de rouvrir des postes qualifiés. Apec et cabinets de recrutement décrivent un attentisme généralisé, avec des processus prolongés, davantage de validations internes, et des CDI transformés en missions temporaires pour limiter le risque.

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