Au Luxembourg, un cap se dessine, le salaire n’est plus la boussole unique. Les priorités des salariés glissent vers le temps, la santé et l’autonomie, loin du seul montant mensuel.
Un baromètre 2025 le confirme avec des écarts marqués entre attentes et réalité. Entre demande d’horaires souples, tensions sur les retours au bureau et quête d’un meilleur équilibre vie-travail, c’est tout le marché du travail luxembourgeois qui se recompose, sous l’effet de contraintes fiscales, de trajets éprouvants et d’une fatigue diffuse. La patience s’use.
Pourquoi le salaire passe-t-il derrière l’équilibre de vie ?
À Luxembourg, la hiérarchie des priorités bascule. D’après JLL, en juin 2025, 69 % des salariés placent l’équilibre vie privée‑travail devant le salaire, cité par 53 %. Ce glissement s’aligne avec des attentes professionnelles orientées vers la qualité de vie et la gestion du temps.
Les horaires flexibles gagnent du terrain, perçus comme le premier levier de bien‑être. La motivation non salariale progresse au travers d’arbitrages personnels sur le temps de travail, avec une semaine de quatre jours souhaitée par 57 % des répondants, alors que 9 % seulement y ont déjà accès au Luxembourg.
Ce que révèle le baromètre JLL 2025 au Grand-Duché
L’étude JLL de juin 2025 agrège 8 709 réponses sur 31 marchés. Au Luxembourg, l’échantillon luxembourgeois ne compte que 57 salariés, ce qui invite à la prudence, mais les tendances ressortent nettement.
Au Luxembourg, 69 % des répondants placent l’équilibre vie privée‑travail avant la rémunération à 53 %. Selon le baromètre JLL 2025, cette dynamique s’inscrit dans une tendance mondiale : 65 % des employés, tous pays confondus, privilégient la conciliation des temps. Ce « tournant décisif » nourrit un repositionnement des offres RH au Grand‑Duché.
Télétravail et présence au bureau, un terrain encore clivant
Au Luxembourg, 55 % des employés de bureau sont soumis à des règles formalisées de présence, contre 64 % en moyenne européenne et 66 % au niveau global. Ces politiques de présence n’emportent pas l’adhésion, avec une acceptation du télétravail limitée : 47 % d’avis positifs pour 53 % d’avis négatifs.
Le cadre luxembourgeois est marqué par des règles qui limitent les jours à distance des frontaliers. Ces contraintes fiscales transfrontalières alimentent une résistance aux règles rigides, les trajets vers le bureau devant être justifiés par une valeur ajoutée concrète, tant pour la collaboration que pour l’accès aux services sur site.
Nous assistons à une révolution silencieuse des mentalités. Les employés luxembourgeois envoient un message clair: l’argent ne fait plus tout. Cette évolution va contraindre les employeurs à repenser leur proposition de valeur qui devra se traduire dans leur stratégie RH et se matérialiser dans les espaces de travail occupés
Emna Rekik, Country Lead Luxembourg chez JLL
Au bureau, des attentes élevées pour le confort et le design
L’expérience de bureau est jugée perfectible par 65 % des répondants au Luxembourg. Les priorités citent le confort acoustique à 49 % et des espaces verts au bureau à 47 %, avec une demande pour des zones silencieuses, des matériaux absorbants et un accès tangible à la nature.
Le décor compte aussi, avec 45 % des répondants qui attendent des évolutions nettes. Un design moderne est plébiscité : espaces chaleureux, mobilier adaptable, et lieux qui soutiennent la collaboration comme la concentration. L’objectif est clair, faire du bureau un véritable destination‑work qui rivalise avec le confort du domicile.
Le bureau doit désormais justifier chaque trajet. Fini l’époque où une simple salle de réunion suffisait. Les employés luxembourgeois exigent des environnements qui rivalisent avec le confort de leur domicile. Aujourd’hui, chaque déplacement doit être justifié par une valeur ajoutée tangible
Mélanie Leblanc, Experte Work Dynamics chez JLL
Burnout, isolement et envies de départ : signaux à surveiller
Les signaux humains restent visibles. 31 % des salariés déclarent un risque de burnout, et 20 % évoquent un sentiment d’isolement au travail. Ces niveaux sont inférieurs aux moyennes mondiales, respectivement 39 % et 35 %, mais ils appellent une vigilance active et des politiques de soutenabilité du travail.
Autre point à suivre, 51 % ne décrivent pas leur entreprise comme idéale et un cinquième envisagent un départ à un an. La mobilité des talents se déclencherait par des horaires flexibles plus accessibles, une progression salariale, et une relation managériale mieux structurée, selon l’étude JLL pour le Luxembourg.