Quelles sont les différences clés entre les AVS et les AESH ?

Par Louise Caron

AVS et AESH désignent tous deux des personnels qui accompagnent les élèves en situation de handicap à l’école. Historiquement, on parlait d’Auxiliaires de Vie Scolaire (AVS) pour ces accompagnants.

Depuis 2014, la dénomination officielle est Accompagnant d’Élèves en Situation de Handicap (AESH). Au‑delà du changement de nom, des évolutions contractuelles ont été introduites pour tenter de réduire la précarité de ces postes. Néanmoins, il persiste encore de nombreuses difficultés : les AESH restent des employés précaires, à temps partiel imposé et faiblement rémunérés, malgré leur rôle essentiel pour l’inclusion des élèves handicapés.

  • 1990 : création des premières aides humaines à l’école
  • 2005 : loi Handicap → droit à la scolarisation en milieu ordinaire
  • 2014 : naissance officielle du statut d’AESH
  • CDD de 3 ans renouvelable une fois
  • Accès au CDI après 3 ans d’ancienneté

Un changement de statut mais pas de titularisation

Avant 2014, les AVS pouvaient être recrutés soit via des contrats aidés (CUI‑CAE) très précaires (CDD de 12 mois renouvelable une fois), soit via des contrats d’assistant d’éducation (CDD d’un an renouvelables pouvant déboucher sur un CDI après 6 ans). Depuis 2014, les AESH prennent la relève : ils sont recrutés directement par l’Éducation nationale en CDD de 3 ans. Au bout de 3 ans, un renouvellement de 3 ans supplémentaire est possible, puis un passage en CDI.

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Obtenir un CDI ne signifie toutefois pas devenir fonctionnaire. Les AESH demeurent des agents contractuels de droit public, extérieurs aux corps de la fonction publique (catégories A, B ou C). Aucune voie de titularisation n’existe à ce jour, d’où la revendication syndicale d’un véritable statut de fonctionnaire.

Le tableau suivant résume les différences essentielles :

CritèreAVS (avant 2014)AESH (depuis 2014)
Type de contratCUI‑CAE 12 mois ou Assistant d’éducation 1 anCDD 3 ans renouvelable
Accès au CDI6 ans3 ans
Statut fonctionnaireNonNon
Formation initialeSouvent inexistante60 heures obligatoires
Indice salarialSMICSMIC

Principales étapes réglementaires

La circulaire n° 2014‑083 du 8 juillet 2014 pose les bases du nouveau cadre d’emploi, consolidé par plusieurs décrets (2017, 2022) qui rappellent la possibilité de CDI et la nécessité de formation.

Durée du travail limitée et salaire au minimum

Passons maintenant aux conditions d’emploi. Les AESH travaillent majoritairement à temps incomplet : entre 50 % et 62 % d’un temps plein, car ils interviennent uniquement sur le temps scolaire de l’élève.

Quotité horaire et rémunération

Dans le premier degré, ils accompagnent en moyenne 24 heures par semaine ; dans le second degré, la limite approche 26 heures. À l’indice plancher de la fonction publique, un temps plein théorique rapporterait 1 300 € nets, mais à 62 % la paie descend entre 750 € et 900 €.

  • Indice d’entrée collé au SMIC
  • Temps partiel subi – perte de revenu
  • Grille indiciaire courte (peu d’échelons)
  • Primes inexistantes ou symboliques
  • Difficulté à cumuler plusieurs postes
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Formation initiale et possibilités d’évolution

Pour être recruté, il faut depuis 2021 : soit le DEAES (Diplôme d’État d’accompagnant éducatif et social), soit un niveau bac assorti de neuf mois d’expérience auprès de personnes handicapées. Chaque nouvel AESH suit 60 heures de formation d’adaptation à l’emploi.

Conditions de recrutement

Elles reposent notamment sur :

  • Compétences relationnelles et pédagogiques
  • Capacité à travailler en équipe éducative
  • Adaptabilité face à des handicaps variés
  • Respect de la confidentialité professionnelle
  • Gestion du stress et sang‑froid

Formation continue : état des lieux

Des plans académiques prévoient des modules de perfectionnement (autisme, communication alternative, gestes de premiers secours, etc.). Mais faute de remplaçants et de budget, la participation reste limitée, freinant la montée en compétences.

Des missions inchangées : un rôle indispensable auprès des élèves

Le cœur du métier reste d’aider l’élève handicapé à suivre sa scolarité dans les meilleures conditions.

Missions quotidiennes

Selon le PPS (projet personnalisé de scolarisation) :

  • Aide aux déplacements et à l’installation matérielle
  • Assistance pour les gestes de la vie quotidienne (cantine, hygiène…)
  • Soutien à la communication orale, écrite ou gestuelle
  • Maintien de l’attention et reformulation des consignes
  • Promotion de l’autonomie et de la socialisation

On distingue trois catégories : AESH‑i (individuel), AESH‑m (mutualisé) et AESH‑co (collectif en ULIS). Les besoins des élèves se complexifient (TSA, polyhandicaps, troubles du comportement), exigeant patience et sang‑froid.

Officiellement considérés comme « membres à part entière de l’équipe éducative », les AESH participent aux réunions de suivi, mais la reconnaissance concrète varie selon les établissements, d’où un sentiment d’isolement fréquent.

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Un métier passionnant mais encore trop précaire

Le passage d’AVS à AESH a apporté des améliorations (contrat plus long, formation initiale, CDI plus rapide), mais la précarité demeure en 2025. Revalorisation salariale, possibilité de temps plein choisi, formation continue renforcée et reconnaissance institutionnelle sont indispensables pour fidéliser ces acteurs clés de l’école inclusive. Sans ces avancées, nombre d’AESH peinent encore à vivre décemment de leur engagement au service des élèves handicapés.

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