Rentrée 2025, près de 42 000 élèves sans AESH suffisant restent en attente, d’après des bilans ministériels et associatifs. Le système craque, preuve d’une école inclusive en tension aujourd’hui.
Sur le terrain, vous voyez des heures notifiées par les MDPH non délivrées, et des affectations qui varient fortement d’une académie à l’autre. Salaires bas, temps partiels imposés et turn-over alimentent une carence d’accompagnement, avec des classes désorganisées et des journées écourtées. Au final, ce sont des enfants en situation de handicap renvoyés chez eux, privés d’apprentissages, pendant que leurs parents réorganisent travail et soins dans l’urgence.
Derrière le chiffre de 42 000, un phénomène qualifié de massif
En 2025, 42 000 élèves en situation de handicap restent sans accompagnant d’élèves en situation de handicap, au moins partiellement. Ce total, rapporté par les services de l’Éducation nationale, s’appuie sur des données nationales consolidées et confirme une hausse annuelle des besoins qui n’est pas absorbée par les recrutements.
Les associations rappellent que l’absence d’AESH entraîne des heures perdues, des exclusions temporaires et des scolarités à mi-temps. Elles posent la question du droit à la scolarisation de chaque enfant et confrontent les promesses ministérielles aux réalités vécues par les familles sur tout le territoire.
Selon l’académie, une scolarité qui bascule : des écarts du simple au décuple
Selon les remontées des rectorats, l’accès à un AESH varie fortement d’une académie à l’autre, parfois du simple au décuple. Derrière ces chiffres se jouent des disparités territoriales liées au maillage des établissements, aux temps de trajet et aux possibilités de remplacement en cours d’année.
Les chefs d’établissement décrivent des calendriers de recrutement étalés sur toute l’année scolaire, avec des postes non pourvus pendant des semaines. Le résultat dépend de la capacité de recrutement locale et d’un taux de carence académique qui grimpe lorsque les contrats proposés n’attirent plus.
Salaires en berne et temps incomplet imposé, le cœur de la pénurie
La pénurie d’AESH se nourrit d’un cadre d’emploi qui laisse peu de marges. Au fil des contrats, les agents cumulent des rémunérations précaires qui ne sécurisent pas le quotidien, et un temps de travail fractionné qui morcelle les journées et rend les affectations instables.
Vous voyez la conséquence : sans reconnaissance de l’ancienneté, une progression de carrière limitée maintient les salaires au plus bas et décourage la fidélisation. Dans ces conditions, l’attractivité du métier chute, et les départs se multiplient, laissant des élèves sans accompagnement durable.
PIAL et mutualisation, quand l’organisation fragilise l’aide humaine
Les PIAL déploient une mutualisation des moyens depuis 2019, avec une coordination académique qui cible les besoins au plus près des classes. Présenté comme un pôle inclusif d’accompagnement, ce dispositif modifie la qualité de l’accompagnement quand les temps sont réduits, les priorités révisées et les suivis éclatés.
Pour les AESH, la mutualisation signifie des affectations multi-établissements avec des plannings serrés et des trajets en cascade. Entre deux écoles, les déplacements non indemnisés pèsent sur le budget et sur le temps, et la relation avec l’élève se fragilise d’une semaine à l’autre.
En classe et à la maison, ce que vivent les enfants et leurs parents
À l’école, l’absence d’AESH se traduit par des journées hachées et une présence irrégulière en classe. En 2025, 42 000 élèves se voient privés d’accompagnement, ce qui entraîne des retards d’apprentissage et des passages en déscolarisation partielle dans certaines académies.
À la maison, les familles recomposent leur quotidien. Le suivi scolaire, les rendez-vous médicaux et les échanges avec l’établissement génèrent une charge mentale parentale qui dépasse le cadre habituel, tandis que l’enfant subit un impact psychosocial mesurable par l’isolement, la fatigue et des comportements d’évitement.
Budget 2026, primes et statut des AESH : les demandes sur la table
Au Parlement, le cycle budgétaire 2026 ouvre un nouveau round autour de l’école inclusive. Les syndicats et associations réclament une réelle création de postes pour couvrir les besoins, assortie d’une revalorisation salariale afin d’enrayer la fuite des candidats.
Sur le terrain juridique et statutaire, la question du cadre d’emploi revient avec insistance. Les discussions portent sur un statut de fonctionnaire pour sécuriser les carrières, la suppression des PIAL au profit d’affectations stables, et le versement de primes liées aux conditions d’exercice, afin de garantir continuité et qualité d’accompagnement.