La course aux résultats spectaculaires s’est installée comme nouvelle norme, jusqu’à transformer chaque journée de travail en épreuve de résistance. Derrière cette exigence de performance continue, quelque chose se fissure.
Les signaux s’empilent, des arrêts maladie aux départs discrets, et montrent que la quête de compétitivité pousse les organismes au-delà de leurs limites physiologiques. Derrière des indicateurs flatteurs, le coût humain au travail explose, rarement mesuré. Sans un véritable modèle organisationnel durable, alternant intensité et récupération, la performance scie la branche qui la porte à terme.
Pourquoi le sprint permanent épuise employés et organisations
Dans sa tribune du 22 décembre 2025, Mario Bucciarelli, fondateur de CoachingCore, actif à l’international depuis plus de 20 ans et créateur du programme ASSO©, décrit des entreprises qui vivent au rythme du sprint permanent. Les objectifs s’enchaînent, les priorités se concurrencent et la pression ne redescend presque jamais, créant une intensité continue qui laisse trop peu de temps pour l’analyse ou la prise de recul, à Paris comme ailleurs.
Ce modèle, valorisé pendant plus de cinquante ans, suppose que l’on peut courir un marathon à la vitesse d’un 100 mètres. À l’échelle des structures, il installe une fatigue organisationnelle qui finit par fragiliser la coopération et la qualité des décisions.
Des signaux d’alerte qui ne trompent plus, du burn-out au retrait discret
Les signaux que décrit Mario Bucciarelli ne datent pas d’hier : depuis plus de dix ans, les cabinets RH et les médecins du travail alertent sur la montée des détresses liées au rythme imposé. Derrière les graphiques de performance, des équipes entières glissent vers le burn-out professionnel, tandis que les plus prudents adoptent un désengagement silencieux, exécutant le strict nécessaire pour se protéger d’objectifs perçus comme inatteignables sur la durée.
Dans ces conditions, marges de créativité se réduisent et la prise de risque disparaît, comme pour un sportif sommé de courir cinq marathons par an. Cette mécanique entretient une perte d’initiative généralisée et nourrit des risques psychosociaux que les directions ont parfois du mal à relier à leurs choix de pilotage.
Passer d’une logique linéaire à des cycles de performance respectueux des rythmes humains
Le coach basé à Paris invite les dirigeants à quitter la fiction d’une progression rectiligne pour accepter que le travail procède par phases distinctes. Au lieu d’exiger un effort identique chaque semaine, il propose de caler les projets sur les rythmes humains, avec des temps d’accélération assumés, puis des périodes de stabilisation et d’apprentissage qui font partie intégrante de la stratégie.
Son programme ASSO©, conçu pour des équipes exécutives confrontées au monde VUCA, formalise cette logique en organisant le travail sur des horizons de trois ans. L’objectif est d’ancrer une performance cyclique : chaque pic de résultats s’accompagne d’une phase de consolidation, puis d’une préparation structurée du prochain cycle, afin d’éviter l’usure progressive des ressources humaines et financières.
Ce que change cette approche pour le management, les objectifs et la création de valeur durable
Cette nouvelle grille de lecture bouscule la posture des managers, plus habitués à contrôler qu’à réguler le tempo collectif. Mario Bucciarelli les incite à installer un cadre managérial respirable, où les temps forts sont explicités, les temps de récupération assumés et la charge de travail discutée plutôt que subie, y compris au niveau des comités de direction.
Le pilotage financier s’en trouve modifié, car la trajectoire n’est plus jugée selon un seul trimestre, mais selon la capacité à tenir le cap sur plusieurs années. Dans ce cadre, un véritable ajustement des objectifs devient légitime et soutient une création de valeur durable, mesurée autant par la santé des équipes que par la solidité économique des résultats obtenus.