La présence des femmes dans les domaines des sciences, technologies, ingénierie et mathématiques peine à progresser. Malgré quelques avancées, on observe une certaine stagnation qui soulève des questions sur les obstacles persistants à la mixité.
Faut-il revoir les modèles éducatifs ou les politiques d’entreprise pour inverser cette tendance ? Des initiatives émergent pour proposer des solutions, mais suffisent-elles à encourager les vocations féminines ? Les success stories de femmes en STIM sont encore trop rares. Le chemin vers une véritable égalité semble semé d’embûches.
Résurgence des biais sexistes dans l’orientation des étudiantes
Les données récentes du Gender Scan Étudiants STIM 2025 montrent une stagnation préoccupante de la présence féminine dans les formations scientifiques et techniques. Plus de 40 % des étudiantes ont déclaré avoir été découragées dans leur choix d’orientation, ce qui met en lumière les obstacles persistants qu’elles rencontrent. En 2025, un nouveau phénomène apparaît : les amies exercent désormais une influence plus forte sur ce découragement que l’entourage familial.
Ce constat s’explique par une résurgence des biais sexistes qui affectent l’orientation des étudiantes. En effet, 56 % des apprenantes dans le numérique ont été dissuadées pour des raisons liées à leur genre en 2025, contre 45 % en 2021. Les prescripteurs négatifs, qu’ils soient enseignants, proches ou amis, continuent d’alimenter des stéréotypes de genre, freinant ainsi l’accès des femmes aux filières STIM et au secteur du numérique.
L’influence croissante des pairs dans le découragement des vocations
L’étude Gender Scan 2025 met en avant l’augmentation de l’impact du cercle amical dans le découragement des étudiantes. Plus d’un tiers des jeunes femmes indiquent avoir été dissuadées par leurs amis lorsqu’elles envisagent une carrière dans les STIM. Cette tendance révèle que l’environnement social joue un rôle déterminant dans les choix d’orientation.
Cette influence des amis contribue significativement au découragement des vocations féminines en sciences et technologies. Les stéréotypes véhiculés au sein des pairs peuvent renforcer les barrières existantes, rendant la mixité dans ces domaines encore plus difficile à atteindre. Aborder cette problématique est donc nécessaire pour favoriser une meilleure représentation des femmes dans les filières scientifiques.
Initiatives nationales pour contrer les stéréotypes de genre dès le collège
Face à cette situation, diverses initiatives ont été lancées pour lutter contre les stéréotypes dès le plus jeune âge. Parmi elles, la campagne « Femmes de la tech : elles innovent pour nous » vise à sensibiliser les élèves du collège aux carrières scientifiques et techniques en mettant en avant des modèles féminins inspirants.
Ces campagnes nationales ont pour objectif de déconstruire les stéréotypes de genre qui freinent les jeunes filles dans leur choix d’orientation. Entre juin 2023 et décembre, près de 50 000 élèves de 2 100 classes issues de 455 collèges ont été mobilisés, avec des résultats encourageants : l’intérêt pour ces filières a progressé de 3,5 points sur une échelle de 1 à 5. Ces actions démontrent l’importance d’agir tôt pour influencer positivement les choix des élèves.
Les écoles d’ingénieurs engagées contre le sexisme et les violences
Les écoles d’ingénieurs jouent un rôle clé dans la promotion de la mixité et la lutte contre le sexisme. En 2025, plus de 75 % des étudiantes se disent informées des dispositifs mis en place contre les VSS (violences sexuelles et sexistes), contre seulement 27 % en 2021. Cet engagement renforcé témoigne de la volonté des établissements d’offrir un environnement sûr et inclusif.
Les actions entreprises incluent le déploiement de formations, la désignation de référents et la sensibilisation aux comportements inappropriés. Cet engagement des écoles d’ingénieurs contribue non seulement à améliorer le bien-être des étudiantes, mais aussi à encourager davantage de jeunes femmes à rejoindre ces filières. La lutte contre les violences et le sexisme devient ainsi un levier pour renforcer la mixité dans les domaines scientifiques et techniques.
Entrepreneuriat féminin : une sensibilisation en hausse dans les formations
L’étude souligne également une augmentation de la sensibilisation à l’entrepreneuriat féminin dans les formations d’ingénieurs. Plus de 52 % des étudiantes et 56 % des étudiants sont désormais informés ou formés à l’entrepreneuriat, soit deux fois plus que la moyenne nationale. Cette dynamique encourage les femmes à créer et diriger des entreprises dans le secteur technologique.
Par ailleurs, l’accès aux dispositifs d’accompagnement, tels que les incubateurs, est en progression. En milieu scolaire, ces structures sont utilisées par 6 à 7 % des femmes et 7 à 8 % des hommes, réduisant l’écart observé au niveau national. Intégrer l’entrepreneuriat dans les cursus s’avère essentiel pour soutenir les ambitions des étudiantes et favoriser leur réussite professionnelle.
Des témoignages d’acteurs clés pour renforcer la mixité dans la tech
Plusieurs acteurs de la tech ont exprimé leurs engagements en faveur de la mixité dans le secteur. Vincent Lecerf, Directeur des Ressources Humaines d’Orange, souligne l’importance de déconstruire les stéréotypes et d’offrir des modèles inspirants aux jeunes filles. De son côté, Stéphane Pallez, présidente de FDJ United, insiste sur le rôle majeur des femmes dans les filières scientifiques pour atteindre l’égalité professionnelle.
Emmanuel Duflos, président de la CDEFI, rappelle que malgré l’égalité d’accès à l’éducation, les représentations genrées persistent et limitent les chances des femmes de poursuivre des études en STIM. Ces témoignages illustrent une prise de conscience collective et une volonté d’agir pour promouvoir la mixité dans la tech. Poursuivre ces efforts est indispensable pour transformer durablement le paysage du secteur technologique.